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L'histoire de la commune est bien plus riche que ne le laissent paraître les rares vestiges encore visibles de son passé. Place forte au XIIème siècle, le village possédait un château et une chapelle qui connurent les assauts de Simon de Montfort en lutte contre les   Cathares, puis ceux des Anglais que la Guerre de Cent Ans amena jusque chez nous, puis enfin les troubles sanglants des guerres de religion qui eurent définitivement raison de ce patrimoine.     
 
Plus près de nous, retenons la date du 23 février 1790. C'est ce jour-là qu'eut lieu la première séance du conseil municipal de notre village,  alors rattaché au canton de Castelnau de Levis. Notre premier maire s'appellait Jean Treilhou et le village n'avait  alors que 580 habitants. Peut-être est-ce en raison de la faiblesse de sa population, ou pour tout autre raison, qu'un projet préfectoral envisagea un temps la fusion de Marssac et de Terssac. Mais rien de tel ne se fit. Et un siècle passant, Marssac recevait son appellation définitive de "Marssac sur Tarn" par décret du 15 août 1931, inscrivant dans la lettre ce que le blason de notre village dépeint en image : "De gueules au pont de trois arches d'argent, maçonné de sable, sur une rivière d'azur, surmonté d'une croisette cléchée, vidée et pommetée de douze pièces d'or, au chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lys aussi d'or".

Au début du XIXème siècle notre commune comptait une dizaine de briqueteries. La briqueterie Reynes  fut la dernière à fermer ses portes en 1997 lorsque Jean Reynes prit sa retraite. Sa famille avait racheté en 1882 cette entreprise fondée en 1826 et dont on  voit  encore le beau bâtiment en sortie de village, route de Gaillac.  Utilisant deux argiles, l'une venant de Marssac, l'autre de Labastide de Levis, elle produisait sur mesure des produits dits "à pâte molle" dont la réputation dépassait largement les frontières de notre département.

La mise en eau du barrage de Rivières en 1952 a profondément changé la physionomie des berges du Tarn à Marssac, noyant les piles du pont de pierre de taille  blanche qui  surplombait jusqu'alors la rivière de plusieurs mètres de haut. Ce pont, qui porte officiellement le nom de  pont Saint Dominique, en souvenir du passage de ce fervent prédicateur aux heures de l'hérésie cathare, date de 1777. Sa construction fut  décidée par les Etats Généraux du Languedoc pour venir remplacer un bac particulièrement dangereux qui permettait de passer la rivière au port de Marssac. La rue du port, dans le vieux village,  garde la mémoire de ce temps et celle du tragique naufrage du 18 mai 1671 où 83 fidèles de Labastide de Lévis trouvèrent la mort en se rendant en pèlerinage  à Notre Dame d'Oliviège. Ce lieu de culte, aujourd'hui simple oratoire sis dans la propriété du Château du Buc fut, dit-on,  un lieu de culte païen très actif,  en proximité de la voie romaine, avant de devenir sanctuaire chrétien, haut lieu de pèlerinage pour les paroisses d'alentours, et ce jusqu'à sa démolition, peu après la révolution.
 
La montée des eaux fit aussi disparaître un beau "moulin drapier" du XVIème siècle qui était situé sur la rive gauche de la rivière, en aval du village. Seule la rue du Moulin, dans le vieux Marssac, le rappelle encore à notre souvenir. En pierre de taille bien appareillée il exhibait, selon les indications des Monuments Historiques, "au dessus de la porte d'entrée décorée de moulures ainsi que sur la pile la plus éloignée de la rive, deux pierres portant les armes du cardinal Duprat, ministre et chancelier de François Ier, évêque d'Albi de 1528 à 1535".

Autre conséquence de la montée des eaux : l'inondation de la carrière du bord du  Tarn dont on aperçoit encore la localisation en entrée de village, route de Terssac. Cette carrière à ciel ouvert alimentait en calcaire d'excellente qualité l'importante usine à chaux créée par les frères Fraisse en 1923. La roche, cassée à la masse, était amenée jusqu'aux fours par un transporteur aérien sur une distance de plus de 400 mètres. L'usine, dont la haute silhouette en ruine marquait encore il y a 20 ans le paysage communal, a employé jusqu'à 40 personnes. Elle ferma en 1963 et ne fut totalement détruite qu'en janvier 1991.  

On ne peut parler de l'histoire d'un village sans évoquer son église. La nôtre fut construite en 1876 en remplacement de la vieille chapelle devenue trop petite qui occupait autrefois la "place de la chapelle" au centre du vieux Marssac. Placée sous le patronage de Saint Orens, dont la silhouette se découpe sur le vitrail central du chœur, elle abrite derrière ses murs quelques trésors discrets du XVème et XVIème siècle ainsi qu'une fresque de Nicolaï Greschny où l'artiste s'est plu à reproduire les visages d'anciens marssacois. Les abords en ont été réaménagés en 1995, époque à laquelle l'ancien monument aux morts a laissé place à l'œuvre puissante de Casimir Ferrer. Tandis que la sculpture toute entière s'élance vers le ciel, vers plus de justice, de fraternité et de tolérance, les noms des Marssacois gravés dans la pierre du sol viennent rappeler que sans le sacrifice des victimes de la guerre, aucun avenir n'aurait été possible, ni à Marssac, ni ailleurs.  

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