Hommage à nos héros

 

 

 

Nous sommes le 14 août 1944. Il est environ 6h30. Le soleil ne plombe pas encore la campagne mais les poumons écrasés de Jean Polycarpe – alias Jeannot- ne peuvent plus guère aspirer la fraîcheur de l’air ; cette journée ne sera pas la sienne…

 

Le camion des SS file à toute allure sur le chemin de Florentin, non loin de Marssac-sur-Tarn, et s’immobilise soudain dans un assourdissant crissement de freins. Et dans un tonnerre de rugissements gutturaux les SS se précipitent hors du véhicule, arrachent au camion ce qui reste de Jeannot – qui pourtant vit encore. Ils le traînent en hurlant jusqu’au champ de la Capelanié et tirent trois balles dans la nuque de ce pauvre corps recroquevillé, mutilé, supplicié. C’est fini…Les trois claquements secs ont abrégé l’aurore d’une vie et l’ont plongée dans la nuit. Il avait 24 ans.

 

 

 

Trois jours plus tard, le 17 août 1944, quinze jeunes tarnais, dont la moyenne d’âge est de 22 ans, affrontent héroïquement deux colonnes allemandes sur les communes de Rivières et Labastide, où nous nous trouvons. «Une quarantaine d’hommes», précise le Commandant Gros, face à 300 à 350 allemands.

 

Citons Bernard Charles, l’auteur de ‘La résistance dans le  gaillacois’ : «Le 19 août 1944, les chefs de la Résistance locale, les autorités de Marssac, Rivières, Labastide ainsi que de très nombreux habitants, assistèrent à la cérémonie funèbre honorant quinze jeunes gens qui venaient de donner leur vie pour libérer leur pays.

 

Trois années plus tard, le 28 juillet 1947, escorté par d’anciens maquisards du Gaillacois et «reçu par une délégation municipale de Rivières et Labastide» (d’après Jean Cahuzac), le chef prestigieux de la Première Armée Française de Libération, le général de Lattre de Tassigny, qui sera élevé à la dignité de Maréchal à titre posthume, s’arrêta sur le lieu de l’embuscade (où périrent nos quinze maquisards) et vint saluer avec émotion le sacrifice de ces jeunes héros.

 

La mémoire de ces sacrifices s’érige en devoir pour ne pas trahir le sang répandu. Mais le devoir de mémoire a une double exigence : aller à l’histoire pour connaître les causes des faits et des conduites et agir au présent pour l’avènement de modes d’existence qui élèvent conscience et comportements. Sans ce «Travail de mémoire», à quoi bon le «plus jamais ça» quand le «ça» ne cesse sous toutes ses formes.»

 

Mme Maryse Victorine SALVY-CAPMARTIN

 

Marssac-sur-Tarn, le 19 août 2023